AHSUD: Association Hasnouna de Soutien aux Usager de Drogues
C'est la dernière journée de notre séjour à Tanger !
Nous rendons visite ce matin à l’Association AHSUD.
Si certains sont arrivés à bon port par taxi, d’autres ne craignant pas la marche se sont trompés de centre, en effet l’Association dispose de pas moins de 4 centres d’accueil sur la ville de Tanger.
Fouzzia BOUZZITOUN, la directrice de l'association envoie un éducateur à la rescousse des étudiants (et du formateur !) égarés. Une demi-heure plus tard, nous voilà réunis autour d’un café. Une fois n'est pas coutume, l'accueil est chaleureux, ce qui favorise les échanges et la rencontre.
AHSUD a vu le jour en 2006 à partir d’un constat : face à la prolifération de drogues dures au Maroc, qui sont arrivées autour de l’année 1999 , les usagers de drogues étaient soit condamnés à la prison (le Maroc suit une tolérance 0 quant à l’usage de stupéfiants) soit internés en asile psychiatrique, sans suivis médical adapté dans tous les cas.
C’est donc sous l’impulsion de docteurs formés à l’addictologie que des mesures d’accompagnement, de prévention et de réduction des risques ont été prises.
L’association appuie son action sur 4 axes :
- la réduction des risques liés à l’usage de drogues,
- un soutien psychosocial des usagers,
- un renforcement des capacité sociales,
- et un plaidoyer auprès de la population et des institutions pour les sensibiliser à la question de l’addiction.
Cela se traduit par des services multiples : distribution de kit (échange de seringues), un service de douche, une salle de convivialité pour prendre le café , discuter, regarder le foot et se reposer… La structure est colorée, conviviale, l'on s'y sent bien !!!
Des atelier d’expression, de thérapie par l’art ou de rappel de leurs droits sont mis en place pour leur rappeler que malgré leurs addictions, ces personnes ont encore une dignité.
Les équipes de Hasnouna sont aussi sollicitées par le comité médical qui autorise la prescription de méthadone, seul substitut au Maroc pour l’héroïne.
Le centre permet aussi un dépistage gratuit de la syphilis, des hépatites B et C ainsi que du VIH.
Nous visitons les différents services du centre, puis sommes rejoints par Mohammed, éducateur de rue et et ancien bénéficiaire de l’association. Nous pouvons remarqué en parlant au divers salariés et bénévoles que beaucoup étaient d’ancien usagers qui sont parvenus à vaincre leurs addictions et/ ou d’anciens TDS . Ces travailleurs pairs sont des personnes précieuses pour Hasnouna, ne serait-ce que par leur connaissances du terrain pour cartographier les besoins lors des maraudes ou simplement la confiance qu’ils inspirent aux usagers.
Car l’association a dû composer au long de son histoire avec l’hostilité de la population des institutions comme la police ou l’administration pénitentiaire et à partir de 2012 avec l’introduction de la méthadone, celle des trafiquants.
Nous échangeons longuement avec les professionnels sur les difficultés à atteindre ces populations vulnérables, les difficultés à maintenir les stocks pour les kit de réduction de risques ou faire changer les mentalités sur l’accompagnement à l’addiction que ce soit de ce coté de la méditerranée ou de l’autre. Mohammed nous fera une présentation du kit, et nous montrera comment il est présenté aux usagers de drogues. Il nous éclaire au passage sur la manière dont les drogues dures les plus problématiques à Tanger ( cocaïne, crack et héroïne) sont consommées et les risques qui y sont associés.
Nous sommes repartis de AHSUD, "déboussolés" par les échanges forts que nous avons eu avec les intervenants et les éducateurs qui y travaillent. Une fois de plus, nous voyons plus de similitudes que de différences dans nos approches et les situations auxquelles nous sommes confrontés .
UN GRAND MERCI
A Mme Fouzzia BOUZZITOUN pour son accueil, le temps qu'elle a accepté de nous consacrer !
A chacun des salariés rencontrés, qui ont su, en toute humilité, partager leur vision du travail social et nous transmettre leur engagement !
Article rédigé par Bastien
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